Sortir de son Ombre
,,Ce projet est le fruit de sept années de réflexion, d’introspection et de prises de vues sur la reconstruction identitaire à la suite d’une relation sous emprise.
Dans cette série, le travail s’est poursuivi au-delà de la saisie du visible pour faire apparaître les blessures d’hier, la lumière d’aujourd’hui.
Pour cela, j’ai tout d’abord œuvré à la destruction des images tirées sur rhodoïd. Je les ai biffées, griffées et lacérées puis j’ai travaillé à leur restauration, à leur préservation, à leur mise en lumière en les apposant sur des feuilles d’or dans l’esprit du Kintsugi.
Le kintsugi relève d’une philosophie qui prend en compte le passé de l’objet, son histoire et donc les accidents éventuels qu’il a pu connaître. La casse d’une céramique ne signifie plus sa fin ou sa mise au rebut mais un renouveau, le début d’un autre cycle et une continuité dans son utilisation. Il ne s’agit donc pas de cacher les réparations, mais de les souligner délicatement.
Il en est de même de notre passé et de nos blessures. En acceptant de les montrer, nous faisons face et nous nous acceptons dans notre globalité avec notre histoire, en envisageant un futur possible.
C’est l’histoire de tant de femmes ou d’hommes sous emprise qui sont parvenus à s’en libérer, se reconstruire, s’émanciper de la toxicité de l’autre pour aller vers une certaine, une possible reconnaissance de soi.
Sortir de son ombre
Sortir de son ombre et quitter son emprise…
Bruler d’un feu intérieur, bruler jusqu’à se consumer,
Briller de mille feux pour contrer son ombre toujours derrière soi.
Sortir de l’ombre et s’éprouver dans sa complexité,
Mettre à l’épreuve son corps, maison de chair et demeure de l’âme,
Bruler, s’avilir, se détruire, presque en mourir… atteindre la souffrance ultime pour enfin apprécier la caresse de la lumière, et se voir telle qu’on est, à l’abri de son jugement, avec bienveillance.
Adorer ce feu intérieur qui réchauffe et illumine le chemin qu’il reste à parcourir.
Trouver l’Energie nécessaire pour se relever, et enfin, commencer à vivre.
Raconter les deux en faisant image pour contrer son ombre et s’échapper, s’appartenir enfin, ne fût-ce qu’un instant, le temps d’une image.
Justine Darmon